Trois médailles dont une en or, voilà un bilan très honnête pour la délégation tunisienne aux JO. Ce furent trois médailles réjouissantes et très bonnes à prendre, et ça aurait pu être même plus. Ahmed Jaouadi et le duo Jinhaoui-Jaziri pouvaient eux aussi ramener des médailles, mais ils ont manqué de peu le podium. On a dit que c’est très honnête parce que sur 27 athlètes seulement disponibles aux JO, les taux d’efficacité et d’efficience sont très encourageants. Firas Gattoussi, Farès Ferjani et Khelil Jendoubi, ce sont trois beaux et courageux médaillés qui ont fait contre mauvaise fortune bon cœur. Par rapport à d’autres nations connues en sport et même émergentes, l’écart en moyens est en notre défaveur. Mais cela n’a pas empêché nos athlètes de ramener des médailles. C’est leur mérite, leur talent et leur cœur qui les ont aidés à aller au-déla de toutes les contraintes et gagner. Pas de préparation soutenue (pour certains aucune préparation olympique), pas de budgets conséquents, des frais remboursés en retard par le ministère des Sports, encadrement faillible du Cnot qui a les moyens financiers mais qui ne les mobilise pas pour les athlètes avec générosité, aucune coordination entre le ministère des Sports et le Comité olympique (la commission de préparation mixte n’a pas fonctionné), mais comment alors on a pu glaner des médailles ? C’est le génie tunisien. Un phénomène difficile à cerner en sport qui permet à un athlète de battre d’autres athlètes mieux préparés et plus avantagés que lui. Nos sportifs sont habitués à la mauvaise gestion en sport, à l’encadrement quelquonque et aux aléas en tous genres. Ils se débrouillent avec leurs staffs avec le strict minimum pour monter sur le podium. Un nageur comme Ahmed Jaouadi aurait pu dépasser ses concurrents si on l’avait bien préparé depuis deux ans et si on avait mis le paquet sur lui. On aurait pu mieux gérer le cas Ayoub Hafnaoui, un champion olympique qui n’a pas pu défendre son titre (un fiasco!) comme le cas d’autres athlètes qu’on risque de perdre si on continue de les traiter de la sorte. Nous sommes aussi fiers que frustrés de cette moisson aux JO : fiers parce que nos héros ont surmonté leurs handicaps et créé l’exploit, mais frustrés pour ce manque à gagner, qui s’explique par le mauvais encadrement. Ces JO de Paris sont ceux de l’extraordinaire attitude de nos athlètes qui ont dans leur ADN les codes du surpassement. Un phénomène sociétal et culturel qui peut aller au-delà même des plans de préparation les plus denses et les plus ambitieux. Toutefois, cela ne doit pas être le fameux arbre qui cache une forêt de désordre et de «nullité» dans notre sport. C’est une autre paire de manches.